TNT du 11 au 23 avril 2006

Oh les beaux jours

De Samuel Beckett

Mise en scène de Joël Jouanneau

 

«Encore une journée divine!». Les premiers mots de Winnie saluent la pièce comme le jour. La cinquantaine, à demi enfouie dans un monticule d’herbe brûlée perdu au milieu de nulle part, survivante d’on ne sait quelle catastrophe, cette étrange femme apparaît. Ou réapparaît. Car une fois encore, la voilà qui s’apprête à traverser l’intangible étendue de temps séparant l’heure du réveil de celle du coucher. Une fois encore. Munie de lambeaux de phrases et d’accessoires dérisoires, Winnie refuse de se décourager: «Commence, Winnie», «Continue, Winnie», se répète-t-elle. Non loin d’elle, tapi, dissimulé, Willie, la soixantaine, ponctue le babillage de cette compagne de rares interventions, toutes sibyllines. Sont-ils vraiment les «derniers humains – à s’être fourvoyés par ici»?

Joël Jouanneau chemina neuf ans –jusqu’à la disparition de l’acteur en 1995– avec David Warrilow, interprète-fétiche de Beckett. Il noua alors des liens étroits avec l’œuvre du poète irlandais. Assidûment, il retourne à cette œuvre, retrouve cette «écriture qui creuse l’individu», ces textes rongés par le motif de l’épuisement.

Après Fin de Partie, Comédie, En attendant Godot, il s’attaque désormais au drôle de monument qu’est Oh les beaux jours. Avec, à ses côtés, une grande artiste, Mireille Mossé. Prenant admirablement la suite de Madeleine Renaud et Denise Gence, la comédienne «divulgue avec une grâce absolument neuve ce qui fait le sel impayable de la pièce, parfaite synthèse de la condition humaine, du berceau à la tombe. Jean-Pierre Léonardini, L’Humanité».