TNT du 5 au 22 janvier 2006

Colère !

Groupe merci

/Installation sonore et plastique: Joël Fesel /Mise en jeu: Solange Oswald

 

Résolu, depuis sa création en 1996, à sortir des lieux habituels du théâtre, le Groupe merci mène des expériences scéniques insolites, à l’intérieur desquelles s’est instauré un dialogue permanent entre arts plastiques et dramaturgie. Des premières déambulations dans les couloirs de l’ancienne faculté de médecine à leur présence renouvelée au Festival d’Avignon et jusque dans des apparitions impromptues au Pavillon Mazar, une idée sous-tend leurs interventions, celle d’un surgissement, d’une effraction. Ce groupe d’artistes s’est illustré par de multiples collaborations avec des auteurs d’aujourd’hui: Alain Béhar, Christophe Tarkos, Charles Pennequin, Olivier Cadiot, Katalín Molnar et bien sûr Patrick Kermann avec qui tout a commencé. Aux propositions qu’ils élaborent ensemble Solange Oswald, Joël Fesel et le Groupe merci ont choisi de donner le nom d’objets nocturnes. Colère! est le dix-huitième de ces objets et le troisième présenté au TNT après Merci et Réserve d’acteurs. Avec cette nouvelle installation conçue comme une «promenade», le Groupe merci entend encore radicaliser ses partis pris et nous entraîner vers une colère et un questionnement vibrant sur l’état du monde.

 

«Où est passée notre colère? Est-elle retenue en nous comme une belle endormie? L’avons-nous avantageusement vendue? L’avons-nous confiée à nos hommes politiques pour qu’ils en fassent des spectacles à la télé?

Peut-être sommes-nous en train de nous en dépouiller comme des oripeaux d’un théâtre suranné… Et si cela est: Où se vide notre «âme» des terreurs, des rancœurs, des humiliations, des injustices qui nous encombrent?

Où aller pour calmer la divagation incessante, le tumulte, le vacarme, les mille voix du dedans?

Où peut-on encore déclencher ces scènes de colère, se laisser aller à cette folie?

Où se trouve encore ce lieu originel où s’inscrivent les expériences de notre sensibilité?

Sommes-nous condamnés par indifférence à l’avachissement et à la mort lente?

Et si cela est: par quoi? Par qui?»

Pour tenter encore une fois de remettre ensemble dans un équilibre nouveau la folie et la raison. Pour préserver la part d’anarchie et de révolte comme le préconisait Flaubert avec ses «gueuloirs», nous inventerons dans notre théâtre* ces espaces salutaires. Bonne visite. Solange Oswald».