Théâtre Garonne du 13 au 16 décembre 2005

La place du singe

Christine ANGOT / Mathilde MONNIER

 

Huit ans après arrêtez, arrêtons, arrête, Mathilde Monnier retrouve l’écrivain Christine Angot qui définit ainsi leur nouvelle collaboration : “Entendre, voir, savoir, et chercher à savoir, à percer à jour, quelque chose de l’autre qu’on ne sait pas de soi. C’est ce qu’on tente de mettre en œuvre, que je voudrais écrire, elle, danser, et qu’on voudrait montrer”. Une connivence de duettiste qui réunit les deux artistes sur le plateau, mots et mouvements accordés, moyens distincts mais visées semblables, tournant de concert dans La Place du singe autour d’un milieu de référence : la bourgeoisie, et de cette forme particulière de bonheur qu’elle procure. Ou qu’elle impose? Ou qu’elle empêche?

CHRISTINE ANGOT, à propos de La Place du singe :

"Qu’est-ce que la bourgeoisie ? Qu’est-ce que le bonheur ? Est-ce que je suis bourgeoise, est-ce que je suis heureuse ? Y a-t-il des critères ? Est-ce que je les connais ? Comment je les connais ? Qui me les a enseignés ? Mathilde Monnier est née dans une famille bourgeoise d’industriels alsaciens de Mulhouse. Dans laquelle elle ne s’est jamais sentie bien. On ne se sent donc pas bien dans la bourgeoisie ? Pourtant c’est notre modèle à tous, pourquoi ? Et moi, quelles sont mes racines sociales ? Quelles sont nos racines sociales, et aspirations, bourgeoises, et surtout est-ce que nous y comprenons quelque chose ? Quel est mon rapport à la bourgeoisie, à quel degré j’en viens ? Par rapport à la bourgeoisie, quel est notre mélange de fascination, de fierté et de détestation ? Et surtout, qu’est-ce que nous comprenons aux codes bourgeois ? A la souffrance bourgeoise, à la disparition ?

A : se contenir ? Puisque le bourgeois c’est celui qui accepte tout pour se fondre dans sa classe. Tout. Comment n’étouffe-t-il pas ? Parce qu’il aménage des bouffées d’oxygènes à l’intérieur de son système où il satisfait certains de ses désirs personnels, ou pulsions. Et l’art, et le théâtre, c’est quoi pour lui ? Une bouffée d’oxygène ? Ou une bouffée anxiogène qui lui rappelle qu’il possède tout sur terre sauf le plateau peut-être, et la littérature ? A voir... Un mélange. Car sans la bourgeoisie nous ne sommes rien. Si la bourgeoisie n’adoube pas l’artiste, il n’existera pas. C’est lui l’ami-ennemi à combattre-séduire.

Qu’entends-tu de moi
Que je n’entends pas
Qu’entends-tu de moi
Ami réponds-moi
Qu’aurais-je oublié
Qu’entends-tu de moi
Devrais-je en pleurer
Qu’entends-tu de moi
Que je n’entends pas…

C’est une chanson de Jean-Louis Murat. Le projet, c’est exactement ça. Entendre, voir, savoir, et chercher à savoir, à percer à jour, quelque chose de l’autre qu’on ne sait pas de soi. C’est ce qu’on tente de mettre en oeuvre en ce moment, que je voudrais écrire, elle, danser, et qu’on voudrait montrer."

Christine Angot