TNT du 1er au 3 décembre 2005
L'histoire des larmes
Texte, scénographie et chorégraphie: Jan FABRE
Jan
Fabre poursuit son introspection des sécrétions du
corps. Après Je suis sang créé à la Cour
d'honneur du Festival d'Avignon, il annonce cette fois un spectacle
pour une vingtaine d'interprètes, centré sur les larmes
du corps. Répondant à l'injonction de Roland Barthes
«un Jour il faudra écrire l'histoire des larmes»,
l'intrépide Jan Fabre répond présent et propose
une vaste fresque qui transforme la larme si fragile et éphémère
en un concentré d'Histoire et une archive de l'intelligence
émotionnelle. Le texte que Jan Fabre a écrit met en
scène trois personnages principaux, le chevalier du désespoir
qui décline son slogan «la vie est comique pour qui
pense et tragique pour qui éprouve», le Chien ou le
cynisme devenu animal et le rocher, mère de toutes les mères
qui pleure et offre le réconfort.
Quittant le Moyen Âge,
période chère entre toutes à cet auteur car,
dit-il, «on y écoutait davantage l'intérieur du
corps», pour la Renaissance où l'œil règne
en maître (comme aujourd'hui), Fabre conforte l'extrême
confiance qu'il a dans la lucidité du corps humain et
s'aventure sur une piste plus fantastique en référence
à Hans Christian Andersen. Dans les grondements des tambours,
la poétique d'une mise en scène plus énergique
que violente, il évoque avec ferveur la conviction qu'il faut,
plus que jamais, prendre soin du monde, le bercer et le consoler
comme une mère le fait avec son nourrisson.
Jan
Fabre
Depuis ses premières œuvres en 1980, Jan
Fabre produit des objets scéniques et plastiques puissants,
parfois dérangeants, issus d'un imaginaire sans limites,
nourri, pour l'essentiel à l'aune de la peinture flamande.
Installé depuis toujours à Anvers, la ville qui l'a vu
naître, il y est aujourd'hui à la tête d'un
bataillon de petites mains, entièrement dévouées,
s'activant sans relâche dans ses ateliers et bureaux situés
à l'ombre de l'église du quartier où vit encore
sa mère. Metteur en scène de théâtre et
d'opéra, plasticien, sculpteur et dessinateur, son activité
couvre toutes les disciplines qu'il aborde frontalement avec une
énergie inépuisable. Passionné par l'histoire du
corps autant que par celle des animaux, il en donne sa version dans
des mises en scène généreuses d'où il
chasse le bon goût, qu'il considère comme un défaut
terriblement français. Jan Fabre aime à alterner des
grandes fresques emblématiques comme Je suis sang avec des
pièces plus intimistes comme le diptyque créé
pour la comédienne-danseuse Els Deceukelier comprenant le solo
de théâtre Étant donnés et Elle est et
elle était elle même (coproduction CDC) accueillie à
Toulouse par le CDC et le TNT. Artiste associé à
l'édition 2005 du Festival d'Avignon, il y présente,
outre un aperçu de son travail plastique, quatre pièces
différentes qui sont autant de manifestes de son combat
poétique pour déclare-t-il «défendre la
vulnérabilité de la beauté et du genre humain».