TNT du 15 au 27 novembre 2005

Caeiro

Pessoa

Un projet de: Cécile Bon, Daniel Janneteau, Clotilde Mollet, Hervé Pierre, Gilles Privat et Marie Christine Somat


Fernando Pessoa invoquait l’exemple de Shakespeare pour définir son œuvre comme un «drame en personnes», qui se jouait non sur une scène, mais dans une conscience. Aussi est-il naturel de rendre aujourd’hui sa poésie au théâtre.

Traversé par la sensation d’une identité diffractée, multiple et hétéroclite, il fit dialoguer dans son œuvre les poètes imaginaires qu’il portait en lui. Il leur a donné une réalité par l’écriture: Ricardo Reis, Alvaro de Campos, Bernardo Soares… sont autant de créations et de fictions poétiques, et, dans cette galaxie de poètes hétéronymes, Alberto Caeiro fut sans nul doute un astre majeur et un maître pour tous les autres.

Du Voyage à la Haye de Jean-Luc Lagarce au Square de Marguerite Duras, les rôles d’Hervé Pierre au théâtre l’ont souvent conduit à Toulouse. Il se plaît à dire que c’est dans une librairie de la ville rose qu’a eu lieu sa rencontre avec Fernando Pessoa et le premier de ses hétéronymes, Alberto Caeiro. C’est ainsi que fut créé en 2000 Le Gardeur de troupeau avec Clotilde Mollet en passeuse inspirée.

Il réunit aujourd’hui un groupe d’artistes complices: le scénographe Daniel Jeanneteau, la chorégraphe Cécile Bon, l’éclairagiste Marie-Christine Somat, les comédiens Clotilde Mollet et Gilles Privat.

Ensemble, ils se proposent d’inventer un parcours sensible dans l’œuvre de Caeiro: «Notre travail est d’être au plus près des préoccupations de Fernando Pessoa et de trouver dans l’œuvre complète d’Alberto Caeiro les poèmes qui témoigneront de la richesse de pensée et de l’originalité du créateur de la poésie sensationniste qui déclare “La seule réalité de la vie est la sensation. La seule réalité en art est la conscience de la sensation.”

Comme Alvaro de Campos rend hommage à son maître Caeiro nous devons dire notre attachement à tous ceux: poètes, artistes, romanciers, musiciens, philosophes qui par leurs créations ont structuré nos vies. Dans les moments de doute, de tremblements inté-rieurs, on devine derrière soi ces anciennes émotions qui nous aident à affronter nos difficultés d’hommes et de créateurs. Pessoa sait rendre hommage aux poètes qu’il a créés car il leur reconnaît le rôle fondateur».

le vent souffle sans le savoir.

la plante vit sans le savoir.

moi aussi je vis sans le savoir, mais je sais que je vis.

mais est-ce que je sais que je vis, ou bien seulement que je le sais?

je nais, je vis, je meurs selon un destin que je ne commande pas,

je sens, je pense, je bouge selon une force qui m’est extérieure.

alors qui suis-je? Alberto Caeiro

Extrait de Poèmes non assemblés