TNT du 3 au 6 novembre 2005
J’étais
dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne
De
Jean-Luc Lagarce
Mise
en scène: Joël Jouanneau
Cinq
femmes, représentant, de «La plus jeune» à
«La plus vieille», trois générations,
attendent celui que le père chassa de la maison des années
auparavant, le jeune frère, le fils, le petit-fils. Un jour
enfin il réapparaît. Mais à peine pose-t-il le
pied «sur le seuil qu’il tombe et s’évanouit»,
les précipitant dans le plus grand désarroi.
N’ont-elles donc tant vécu que pour cette agonie? Au nom
de quelle guerre devraient-elles encore s’armer de patience? Et
pourquoi continuer d’attendre celui qui n’a jamais donné
de nouvelles et n’est peut-être revenu que dans leur
imagination? Autour du lit du jeune homme, se noue une parole,
attentive, intime et douloureuse.
C’est cette parole
des profondeurs, aux accents déchirants, que Jean-Luc
Lagarce nous donne à entendre avec J’étais
dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, pièce
qu’il termina d’écrire en juillet 1994, un an
avant de mourir, à l’âge de 38 ans. Depuis, on ne
cesse de redécouvrir l’œuvre foisonnante de ce
fils d’ouvrier, venu au théâtre par la télévision
et la célèbre émission Au théâtre
ce soir. Philosophe de formation, titulaire d’une maîtrise
sur «Théâtre et pouvoir en occident»,
Jean-Luc Lagarce était un saltimbanque dans l’âme,
ébloui par les feux de la rampe et fasciné par les
comédiens.
C’est pour eux, qu’à 20ans
il fonda sa compagnie, Le Théâtre de la roulotte, et
c’est pour eux, pour les entendre dits par eux, qu’il
écrivit tant de textes en si peu d’années.
Très
attaché aux écritures contemporaines, auteur lui-même
d’une douzaine de pièces, Joël Jouanneau mit
une première fois en scène J’étais dans
ma maison et j’attendais que la pluie vienne en 1996, au
Théâtre Vidy de Lausanne. Près de dix ans plus
tard, il décide de donner une nouvelle version de cette «lente
pavane des femmes autour du lit d’un jeune homme endormi».
«Joël Jouanneau revient à ce texte, mais, cette
fois, il l’aborde de front, dans sa fureur de dire. Et signe un
spectacle d’une intensité troublante, accompagnant avec
une autorité douce le fabuleux travail de ses actrices.»
Jean-Pierre Thibaudat, Libération »